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AFRICOM: Le général Ward répond à toutes les spéculations

Forum des As - 2 août 2010
William E. Ward

«Il est dans l’intérêt des Etats-Unis de voir le peuple congolais en sécurité et vivre en paix», tranche-t-il.
Stuttgart, jeudi 29 juillet,15h. En visite d'immersion dans le quartier général d'Africom, cinq journalistes congolais auxquels s'est joint un défenseur des droits de l'homme venu tout droit de Kisangani vivent le point culminant de leur séjour en Allemagne. Ils ont rendez-vous avec le number one du Commandement militaire des Etats-unis pour l'Afrique. Assis dans la salle des réunions du saint des saints d'Africom, les éditeurs de L'Observateur et de Forum des As, l'administrateur délégué général du Potentiel, le directeur de Top Congo FM voient entrer, après l'annonce, le maître des lieux :le Général William Ward en personne. Un quasi chef d'Etat de ce bout d'Amérique que constitue cette caserne Kelley située dans la cinquième ville d'Allemagne.
Tout en cet homme aux cheveux poivre sel, habillé en vert olive que domine une chemise à manches courtes assortie d'une cravate noire, respire l'armée, mieux le commandement. La corpulence athlétique témoigne de son excellente condition physique .Si le corps de celui qu'on appelle le "Commandant " est sain, son esprit l'est tout autant, tant c'est avec une cohérence remarquable que le patron d'Africom va répondre aux questions sans concession de la presse congolaise. Au terme de cet entretien de près d'une heure, le hallo de spéculations qui enveloppait Africom, dont les instructeurs sont présents à Kisangani, tombe : les Etats-Unis ne sont pas là pour balkaniser la Rdc. " Nous n'avons aucune intention de vouloir mettre en cause les frontières ", jure la main sur le cœur ce général quatre étoiles. Et l'Amérique se serait-elle invitée en Rdc ? Non, précise ce chef militaire. "Tout ce que nous faisons au Congo comme partout ailleurs en Afrique procède du partenariat avec les gouvernements souverains d'Afrique. Et ce, pour l'intérêt des peuples d'Afrique. Il est dans l'intérêt des Usa et de la communauté internationale que le peuple congolais soit en sécurité, vive en paix et voie les possibilités d'un avenir meilleur ", souligne le général Ward. Pour y arriver, le militaire congolais doit être au service du peuple et subordonné aux autorités politiques élues. C'est cela l'ambition du bataillon en formation à Kisangani. Avant de s’abandonner aux questions des journalistes, le patron d’Africom a dégagé, en liminaire, la quintessence de la demarche américaine. Compte rendu du face-à-face Ward-journalistes congolais.

Notre objectif primaire est d'être un bon partenaire. Le partenariat se manifeste dans beaucoup d'aspects différents, mais le plus grand c'est le respect mutuel que nous avons les uns pour les autres. Et je voudrais vous assurer que nous avons beaucoup de respect vis-à-vis des partenaires africains et nous respectons surtout la souveraineté de chaque pays. Tout ce que nous faisons, c'est de soutenir le bien-être du peuple africain. Et nous savons que nos buts et nos objectifs ne vont pas se réaliser du jour au lendemain, mais sachez que l'engagement que nous avons envers les pays africains va s'installer dans la durée. L'entraînement d'un bataillon que nous faisons actuellement à Kisangani est un exemple de cet engagement. Et j'espère que c'est fait d'une façon que le peuple congolais soit le bénéficiaire de ces actions. Nous savons que nos partenaires se sont aussi engagés dans l'accomplissement de nos objectifs. Pourquoi, me direz-vous, on est impliqué dans la formation d'un bataillon modèle à Kisangani ? Il est dans les meilleurs intérêts des Etats-Unis et de la communauté internationale de voir le peuple de la RDC être en sécurité, vivre en paix, voir les possibilités d'un avenir meilleur. Vous comme moi voudrions que cette paix, cette sécurité puissent profiter à nos enfants et petits-enfants.

Est-ce qu'il n'y a pas risque que le bataillon que vous formez à Kisangani soit seulement au service du pouvoir ?

Avant notre implication dans l'entraînement de ce bataillon, nous avons parlé avec votre gouvernement à travers l'ambassade américaine. Et nous nous sommes mis d'accord que ce bataillon devait être un bataillon modèle, professionnel, susceptible d'améliorer la stabilité des Forces armées congolaises. Mais surtout que ce bataillon devrait être utilisé pour le bien-être du peuple, pas seulement pour les intérêts du gouvernement. Notre compréhension c'est que le Gouvernement sera bien d'accord avec ce qu'on s'est convenu. Vous en tant que journaliste, votre rôle est de faire le suivi et nous aider à être sûr que ce bataillon est utilisé selon les accords que nous avons passés avec le gouvernement congolais.

Quelles sont les grandes activités d'Africom que vous pouvez installer chez nous pour que ça ne soit pas seulement une affaire d'un ou de deux bataillons?

On est très bien ici à Stuttgart, on a tout ce qu'il faut ici. En tant qu'état-major basé en Allemagne, on est là pour planifier. Le plus important c'est le travail que nous faisons. Ce travail est fait sur le continent africain. Et notre intention est d'augmenter notre travail sur le continent en fonction de la demande de nos partenaires africains. Nous regardons la taille, le nombre de soldats pour être sûr d'être capables d'accomplir la mission. On le fait à travers nos personnels militaires qui se trouvent au sein des ambassades dans les capitales africaines, y compris Kinshasa. Mais quand il y a des programmes, des exercices, des activités militaires à militaires, nous allons amener le nombre des militaires nécessaire pour pouvoir bien accomplir les objectifs que nous avons fixés par rapport à ces activités. Ce qui est important est notre intention de faire ça de manière soutenue à long terme, de continuer à garder de bons rapports pour que les pays africains puissent compter sur noussurtout en respect des activités des militaires à militaires. Lorsqu'on fait cela, la confiance qu'on nous fait augmente. Et on est mieux capable d'accomplir les objectifs que nous nous sommes fixés. En un mot, l'état-major se trouve ici en Allemagne, mais le travail de notre commandement se trouve sur le continent africain et c’est le plus important.

Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent que la création d'Africom est la conséquence des évènements tragiques du 11 septembre 2001 ?

La création de commandement d'Africom n'était pas une réponse aux évènements du 11 septembre 2001. Quand j'étais major en 1986-1987 au Pentagone, il y avait déjà une discussion sur les lignes géographiques de différents commandements géographiques qui étaient en utilisation à l'époque. Et cette discussion sur le commandement séparé pour le continent africain a continué depuis très longtemps. Il y avait beaucoup de raisons pour lesquelles la décision n'avait pas encore été prise. Mais ce qui est important, c'est de savoir pourquoi la décision était prise il y a trois ans et demi. C'était des réflexions, surtout par rapport aux Etats-Unis, de l'importance croissante de l'Afrique dans la communauté internationale, le désir de pouvoir mieux gérer les activités à travers tout le continent, la prise en compte à la fois du travail qui était accompli par l'Union africaine à travers le continent, et des activités de différentes communautés régionales ainsi que leurs désir d'établir et d'augmenter la paix et la stabilité dans différentes régions sont autant des raisons qui justifient la création d’Africom. A cela s’ajoute l'aspiration légitime des dirigeants et des peuples africains à être de plus en plus responsables de leur avenir et le besoin des Etats-Unis de travailler dans cette même perspective ainsi que la décision de réorganiser les responsabilités au sein des départements de la défense (Pentagone). La création d'Africom répond surtout au désir de voir nos partenaires africains sur le même pied d'égalité que nos partenaires d’ailleurs dans le monde, en Europe, en Amérique et en Asie. C'est le désir de considérer les africains comme des partenaires suffisamment importants pour avoir leur propre commandement. Avec Africom, les besoins, les demandes des pays africains reçoivent le même traitement que ceux de tous les autres pays du monde. Et maintenant notre rôle primaire est de nous assurer que notre travail avec nos partenaires reflète des intérêts des pays africains. Et maintenant, ils sont sur le même pied que les autres pays parce qu'au lieu d'avoir trois commandements différents qui divisent le continent africain, il y a un seul commandement qui prend en compte ces différents intérêts et désirs.

Est-ce que les attentats de Kampala d'il y a trois semaines sont susceptibles d'influencer votre approche de la région des grands lacs dont la RDC est l'épicentre?

Les attentats en Ouganda nous montrent clairement qu'aucune région dans le monde n'est à l'abri des terroristes qui sont prêts à perpétrer des actes violents contre des populations innocentes, et notre partenariat est la meilleure façon d'éviter et d'empêcher ces actes terroristes à travers le monde. Nous, comme tous les autres dans le monde, condamnons ces actes de violence. Nous sommes désolés pour les vies qui ont été perdues et nous travaillerons fort pour essayer d'éviter ce genre d'attentats et attaques dans l'avenir.

A en croire la littérature de certains penseurs anglo-saxons, il y aurait risque de balkanisation de la RDC via Africom.
Votre réaction ?

Les frontières souveraines sont des frontières souveraines. Dans le Gouvernement américain entier il n'y a aucun désir de changer ces frontières. Bien que ces frontières aient été peut-être créées artificiellement dans le passé, elles sont ce qu'elles sont, et c'est notre rôle et même l'intérêt des Etats-Unis de les respecter. On respecte ces frontières et la façon ou l'importance régionale d'avoir ces frontières intangibles. Nous n'avons aucun désir, ni aucune intention de vouloir remettre en cause ces frontières. Et c'est notre espoir que tous les gouvernements feront ce qu'il faut pour assurer le bien-être de leurs populations. Mais cela est de la responsabilité des gouvernements africains.

Et la crainte qu'Africom ne charrie des velléités des coups d'Etat ?

Pour nous, tout changement de régime par un moyen autre que démocratique -coup d'Etat ou autre chose- n'est pas acceptable. Et c'est quelque chose que nous condamnerons. Dans tous nos programmes d'enseignement, il est fait insistance sur le fait que les militaires doivent être subordonnés aux autorités élues, que les militaires sont là pour protéger les civils, servir le peuple. C'est cela une armée professionnelle. Notre approche est appuyée sur cette simple idée que le militaire est subordonné aux autorités civiles. Pour nous, cette exigence est essentielle.

La formation du premier bataillon tend à sa fin. Êtes-vous satisfait des critères de sélection de ces soldats
?

Avant de commencer l'entraînement, notre gouvernement a établi quelques critères et les a transmis au gouvernement congolais. Ces critères portent sur le passé de chaque candidat à la formation. Ce processus était administré correctement par le département d'Etat à travers l'Ambassade des Etats-Unis à Kinshasa. Il était question de s'assurer que chaque candidat retenu dans le bataillon a un passé honorable. Ce processus s'est bien déroulé et on pense que puisque ces soldats ont remplis ces critères, on espère qu'ils vont pouvoir servir de modèle aux autres militaires et montrer les valeurs communautaires qu'ils sont censés incarner.

Un mot pour conclure, mon général

On espère que ce que nous faisons soit dans le meilleur intérêt des pays africains et des Etats-Unis. C'est-à-dire la sécurité et la protection du peuple africain du mieux que possible.
La coopération entre pays est très importante. C'est notre désir de coopérer avec les nations africaines. La façon que vous africains vous comptez vous organiser relève de votre souveraineté.


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