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Amnistie 2014: l'ONU applaudit, les Congolais dubitatifs

Le Phare - 6 février 2014
Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu pour la région des Grands Lacs et Martin Kobler, patron de la Monusco le 4/09/2013 à Kinshasa
Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire général de l’Onu pour la région des Grands Lacs et Martin Kobler, patron de la Monusco le 4/09/2013 à Kinshasa | Agrandir
Les félicitations adressées aux parlementaires congolais par la communauté internationale, après l’adoption de la nouvelle Loi d’Amnistie, ne rencontrent pas du tout l’assentiment d’une écrasante majorité de nos compatriotes. Ceux-ci continuent d’avoir le sentiment que ce texte a fait la part belle aux rebelles du M23, qui sont restés menaçants pour la paix et la sécurité à l’Est du pays, à partir de leurs « bases » en Ouganda et au Rwanda. Ils sont convaincus que grâce à la « blanchisserie » de Kampala, des criminels appartenant à ce mouvement insurrectionnel ont réussi à faire effacer, à moindre frais, le tableau de leurs atteintes à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat, de leur haute trahison, de viols, de vols, de tortures, de pillages, de destructions méchantes des infrastructures, d’incendies de maisons…

Des millions de Congolais ont cru, jusqu’au bout, que les sénateurs et les députés nationaux n’allaient pas cautionner un texte fait sur mesure, sous la pression d’une communauté internationale qui a totalement ignoré le sort de leurs pères, mères, frères, sœurs, filles et garçons tués, blessés, violés, torturés et dépouillés de leurs biens pendant dix-huit mois par des brigands qui se prenaient pour le centre de la terre. L’éligibilité des hors-la-loi du M23 à la nouvelle Loi d’Amnistie suscite une vive émotion aux quatre coins de la République Démocratique du Congo et particulièrement au Nord-Kivu, où les autochtones ont du mal à croire qu’ils sont appelés à se réconcilier et cohabités avec ceux qui, dans un passé récent, ont violé délibérément leurs droits les plus éléments, notamment ceux liés à la vie, à la dignité humaine, à la liberté d’opinion et d’expression, à la libre jouissance de leurs biens, à la liberté de mouvement, aux soins médicaux, à l’éducation, au logement, à la nourriture, etc. Est-il concevable d’imaginer une coexistence non conflictuelle entre des criminels et leurs victimes ? Au regard du silence total du législateur congolais de 2014 au sujet des réparation morales et financières qu’étaient en droit d’attendre les victimes des rebelles du M23, les doutes ne font que s’accroître au sujet de la malheureuse option qu’ils viennent de lever.

Demain dans l’armée et les institutions de la République ?

Hormis une liste d’environ 80 dignitaires civils et militaires du M23 exclus officiellement par les autorités congolaises de la liste des bénéficiaires de l’amnistie, tous les autres cadres et membres peuvent, dès la promulgation de ce texte par le président de la République, revendiquer certains droits, notamment celui d’être réintégrés dans l’armée nationale ou dans les institutions politiques de la République. Dans ce cas, les Congolais ne devraient pas s’étonner de revoir, dans les semaines et mois à venir, des ex-combattants du M23 parader dans les rues de Goma, Rutshuru, Kiwanja, Bunagana, Butembo, Beni… avec l’uniforme des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), assorti des grades d’officiers, sous-officiers ou soldats.

Blanchis et supposés repentis, la hiérarchie militaire ne devrait pas, logiquement, leur fermer la porte du retour, au motif que l’amnistie aura effacé tous les éléments constitutifs de l’infraction de rébellion (violations des consignes, refus d’ordre, d’abandon de poste, de désertion, agression armée contre le pays, etc). Ici aussi, il va se poser un problème de collaboration entre des éléments loyaux de l’armée nationale et des insurgés qui ont causé des morts et des mutilés dans leurs rangs, il y a encore quelques mois.

En l’état actuel du dossier relatif à l’amnistie, ceux des cadres civils du M23 ayant le sang de politiciens dans leurs veines peuvent, au nom de leurs droits civils et politiques, revendiquer des quotas dans les institutions politiques de la République. Rien ne les empêche, désormais, de rêver d’une participation au « Gouvernement de cohésion nationale » annoncé au terme des Concertations nationales. Membres à part entière de la communauté nationale, ils pourraient aussi concourir pour les mandats de conseillers de secteurs, chefs de secteurs, conseillers municipaux, bourgmestres, conseillers urbains, maires, députés provinciaux, sénateurs, gouverneurs de provinces, députés nationaux et – pourquoi pas ? président de la République, conformément à la «feuille de route électorale» de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante).

Quelles têtes pourraient afficher nos pères, mères, frères, sœurs, fils et filles du Nord-Kivu en voyant revenir, sur les lieux de leurs crimes, des cadres civils du M23 sous leurs nouvelles casquettes de ministres nationaux ou provinciaux, députés nationaux ou provinciaux, gouverneurs de provinces, sénateurs, conseillers municipaux, maires, conseillers municipaux, bourgmestres, conseillers ou chefs de secteurs ? N’est-ce pas que l’Assemblée nationale et le Sénat viennent de créer un fâcheux précédent, en bloquant la justice civile et militaire dans leur mission consistant à poursuivre, des individus qui devraient payer cher le sang qu’ils ont fait couler, pendant des mois, sur la terre de nos ancêtre, ainsi que leurs crimes économiques.


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