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Pas d'amnistie ni de réintégration pour les rebelles du M23

Le Potentiel - 16 septembre 2013
Colonel Sultani Makenga, center, a senior M23 leader, on a hill in eastern Congo, July 2012
Sultani Makenga (au centre), le chef des rebelles du M23 | Agrandir
Les premiers couacs s’annoncent déjà dans les débats au sein des groupes thématiques. La question liée à l’amnistie à accorder aux dirigeants des groupes armés, dont le M23, suscitent frustrations et controverse non seulement au sein du groupe qui traite du « Désarmement, Démobilisation, Réintégration sociale et Rapatriement des groupes armés », mais aussi au sein de la classe politique.

L’installation des groupes thématiques des concertations nationales a permis aux participants d’aborder des sujets de fond. Aussitôt des contradictions sont apparues entre différentes parties au forum national.

Le constat a été fait, entre autres, au sein du groupe thématique qui traite du « Désarmement, Démobilisation, Réintégration sociale et Rapatriement des groupes armés ». Les discussions se sont estompées, la semaine dernière, suite au climat de vives tensions survenues entre la co-modération et l’Opposition. Faut-il gracier ou non tout de suite les dirigeants des groupes armés, particulièrement le M23, principal agent de l’insécurité qui prévaut dans l’Est du pays actuellement ?

Les avis sont partagés, chaque tendance politique interprète à sa manière le discours inaugural du chef de l’Eta relativement à la grâce présidentielle et à l’amnistie. Le ton est tellement monté que l’Opposition a claqué la porte de la salle de l’hôtel Invest où se réunissent les participants de ce groupe thématique.

Aux dernières nouvelles, l’on apprend que le présidium a dû se mobiliser le week-end pour désamorcer la crise. Une autre réunion est prévue aujourd’hui lundi pour finaliser le dossier et éventuellement clore le différend.

LA POMME DE DISCORDE

C’est à partir de l’accord de Lusaka, où a été décidé de la tenue du Dialogue inter congolais de Sun City, que la RDC est entrée dans un cycle interminable d’intégrations et d’amnisties. En 2002, fort de l’endossement à Sun City de l’Accord global et inclusif, la thérapie a été appliquée, amnistiant et intégrant dans l’armée nationale de principaux dirigeants des groupes. Depuis, la boîte de Pandore a été ouverte.

A la faveur de la tenue des concertations nationales, l’intégration et l’amnistie sont à nouveau ramenées à la surface. Cette question a divisé les participants qui traitent du  « Désarmement, Démobilisation, Réintégration sociale et Rapatriement des groupes armés ».

La question fâche au point que même dans l’opinion publique, des Congolais sont de plus réfractaires au remix avec l’expérience tentée sans succès d’ailleurs, dans un premier temps en 2002 à Sun City, puis en 2009 avec l’accord de Goma.

Est-il encore opportun d’appliquer la même thérapie à l’endroit des va-t-en guerre qui alimentent de manière cyclique des rébellions pour déstabiliser le pays ?  Surtout lorsqu’il est établi que ces soi-disant rebelles sont des seigneurs de guerre créés par des puissances étrangères pour exécuter un agenda, à savoir la balkanisation de la RDC. Voilà des préoccupations auxquelles le groupe thématique 3 doit répondre sans faux-fuyants, ni autres cafouillages.

Vouloir aujourd’hui amnistier et intégrer dans les forces armées et services de sécurité des dirigeants des groupes armés de la trempe de ceux du M23, internationalement reconnus comme criminels de guerre, c’est vouloir la paix et son contraire à la fois. Et, c’est curieux que deux ex-RCD se retrouvent aux commandes du groupe thématique qui traite de ce sujet – un à la modération et un autre comme troisième rapporteur. C’est tout aussi curieux que le Bureau de ce groupe propose sans coup férir l’amnistie et l’intégration des groupes armés comme seule issue sur la voie de démobilisation, la réintégration sociale et le rapatriement des groupes armés.

De là à parler de la poursuite du noyautage des institutions congolaises, il n’y a qu’un pas, vite franchi. Car aussi bien à Kinshasa qu’à Kampala, des infiltrés à la solde du régime de Kigali se comptent au nombre de participants. Des informations en provenance de la capitale ougandaise où les pourparlers ont repris sous la pression internationale, font état de la présence sur des listes du M23 des sujets rwandais en les faisant passer pour des ex-RCD et ex-CNDP.

Aux yeux de l’opinion, cette pilule amère ne peut plus passer. Depuis 2002, lesdits raccourcis – amnistie et intégration- empruntés soi-disant pour sauvegarder la paix, ont produit plutôt les effets contraires.  Ils ont fait des émules qui continuent de tuer, violer et exploiter illégalement des ressources de  la RDC.  

REJOINDRE LA DYNAMIQUE INTERNATIONALE

Les limites de cette thérapie sont telles que même la communauté internationale s’est vite ravisée. Lors de sa dernière tournée dans la région des Grands Lacs, l’envoyée spéciale du secrétaire général des Nations unies dans la région des Grands Lacs, Mary Robinson, a exclu une amnistie et une intégration dans l’armée congolaise pour le M23 et autres groupes armés considérés comme forces négatives.

« Nous sommes convaincus qu’il ne faut pas d’amnistie pour les personnes accusées d’avoir commis des crimes graves et que ces gens-là ne doivent pas être intégrés dans les forces armées » de la RDC, a déclarée Mme Robinson citée dans un communiqué de l’ONU. « Nous ne répéterons pas les erreurs du passé », a ajouté l’envoyée spéciale de Ban Ki-moon.

La RDC devrait éviter à son tour de retomber dans la même erreur. Intégrer des personnes reconnues comme criminels et poursuivis par des instances judiciaires nationales et internationales, c’est consacrer l’impunité et couvrir d’un sceau officiel des crimes odieux commis dans l’Est du pays.

LE PARLEMENT A LA RESCOUSSE

Puisque les violons n’arrivent pas à s’accorder au niveau des concertations nationales, il appartient désormais au Parlement, dont l’ouverture est annoncée ce lundi de saisir de la question et d’y réserver une suite dans le sens des attentes du peuple congolais. Les parlementaires sont mis devant leur responsabilité ; ils doivent, au-delà de l’objectif de réconciliation nationale, ne pas donner un blanc seing à l’impunité au nom d’une paix durable. Celle-ci n’est possible que si les criminels peuvent répondre de leurs forfaits et les expier.

Par ailleurs, il serait malvenu pour les concertateurs de pousser à l’obtention tout de suite de l’amnistie des dirigeants du M23 alors que celui-ci est en discussion avec le gouvernement à Kampala. Somme toute, les concertations nationales ne devaient pas ignorer la volonté clairement exprimée par le peuple congolais qui n’entend plus donner un chèque en blanc à tous ceux qui tuent et pillent dans l’Est du pays. Il ne peut y avoir ni amnistie ni intégration pour les auteurs de crimes graves en RDC.


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