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Joseph Olenghankoy parle de 75 personnes tuées lors des manifestations de Kinshasa

Radio Okapi - 21 septembre 2016
L'opposant Joseph Olenghankoy, président de Fonus. Photo Radio Okapi
L'opposant Joseph Olenghankoy, président de Fonus. Photo Radio Okapi | Agrandir
Les manifestations du Rassemblement ont enregistré des morts à Kinshasa. Le gouvernement avance un bilan de dix-sept décès alors que l’opposant Joseph Olenghankoy, l’un des organisateurs, parle de 75 personnes tuées. Invité de Radio Okapi, mercredi 21 septembre, Joseph Olenghankoy Mukundji, membre du comité de sages du Rassemblement et président des Forces novatrices pour l’unité et la solidarité (FONUS), condamne ces tueries, rappelant que la vie d’un être humain est sacrée. A l'occasion, il a également invité la population à ne pas s'adonner aux pillages des biens d'autrui.

Radio Okapi : Joseph Olenghankoy, la marche pacifique de ce lundi a tourné en une espèce d’insurrection selon la Majorité présidentielle et le gouvernement congolais. L’incendie des sièges des partis de la majorité semble avoir été planifié alors que la manifestation était autorisée. Qu’en dites-vous ?

Joseph Olenghankoy : A aucun moment, un démocrate peut aller à une insurrection. On ne peut pas avoir deux idéologies à la fois donc d’un côté être démocrate et de l’autre insurrectionaire. Non. Je pense que nous nous sommes battus pour qu’il y ait la démocratie et c’est pourquoi nous sommes allés à Sun City (Afrique du Sud). Si nous avions accepté, c’était pour un nouvel ordre politique et nous avions signé deux contrats sociaux : Personne ne peut prendre le pouvoir par la voie des armes et personne ne peut dépasser un mandat de dix ans. Je suis et je resterai fidèle à cette philosophie.

Radio Okapi : Quel bilan avez-vous dressé de cette manifestation et êtes-vous satisfait ou inquiet du résultat ?

Joseph Olenghankoy : Comment on peut être satisfait à partir du moment où il y avait des ordres d’interdiction d’une manifestation alors autorisée. Avant même de commencer la marche, comment on pouvait imaginer que [la marche] était insurrectionnelle contre le régime établi. Chose impossible ! Notre problème est de respecter la constitution. Ça, ce sont des mécanismes des gens qui sont au pouvoir pour arrêter des gens. Tout le monde connait ce qu’ils sont en train de faire ou le coup qu’ils sont en train de monter mais nous allons nous assumer.

Radio Okapi : Est-ce que vous pouvez nous faire un bilan actualisé des cas de morts et dégâts que vous avez déjà enregistrés ?

Joseph Olenghankoy : Au moment où je parle, nous sommes dans les soixante-quinze décès. Rien qu’aujourd’hui (NDLR : mardi) au niveau de l’UDPS, il y a onze morts. Au niveau des FONUS, il y en a trois. On nous apprend encore ce qui se passe ailleurs est déplorable. C’est ce que nous condamnons parce que la vie humaine est sacrée. Que ça soit la vie de celui qui est à la mouvance présidentielle, de celui qui est au Rassemblement de l’opposition ou encore de tous ceux qui naviguent entre les deux. La vie humaine est sacrée et nous avons l’obligation de ne pas toucher à la vie de qui que ce soit.

Radio Okapi : Deux policiers ont été brulés vifs. Etes-vous prêts à condamner vos militants par cet acte ?

Joseph Olenghankoy : Je condamne fermement. Je n’ai pas été présent pour dire qui a posé cet acte. Notre constitution protège la vie humaine. Je condamne fermement, fermement…

Radio Okapi : Les sièges de quelques partis de l’opposition dont le vôtre ont été attaqués la nuit par des inconnus. Peut-on dire que vous n’avez pas le contrôle de tout le peuple congolais comme vous le prétendez ?

Joseph Olenghankoy : Ce qui m’intéresse fondamentalement, ce sont des personnes qui sont mortes. C’est Dieu qui a voulu nous donner les matériels qu’on est en train de bruler. Nous ne combattons pas pour ça [NDLR : les matériels]. On ne peut pas gérer un peuple mort mais on gère toujours un peuple vivant. Et tout le bien que nous faisons, c’est pour le peuple vivant. Je crois que notre pays a besoin du respect de la constitution, de la paix, de l’unité et de la concorde nationale.

Radio Okapi : Le fait que votre siège soit aussi brulé ou attaqué prouve à suffisance que vous ne contrôlez pas tout le peuple congolais ?

Joseph Olenghankoy : Ce n’est pas le peuple qui a brulé le siège des FONUS. Ce sont des opérations commando. C’est une opération effectuée en environ 45 minutes. Ce ne sont pas de civils qui ont fait ça. Je tiens à vous le dire que cette marche était pacifique. Le jour du retour de Tshisekedi, il y avait des milliers de gens et on a maintenu la population afin qu’il y ait la paix et tout s’est bien passé. Le jour du meeting [le 31 juillet dernier], nous avons eu plus de 2 millions de personnes et le Palais du peuple était juste à côté. Vous avez vu comment nous avons éduqué notre base à observer les règles de la démocratie.

Radio Okapi : Le gouvernement entend saisir la justice pour punir les auteurs de tous les dégâts des manifestations. Avez-vous peur des poursuites judiciaires en tant que co-organisateur de cette marche ?

Joseph Olenghankoy : Je ne vois pas quelqu’un avoir peur d’une justice quand il n’est pas l’auteur de la violence. La justice est faite pour rétablir les faits, les culpabilités des uns et des autres. Ce qui est fondamental, c’est d’avoir une justice réellement juste. Notre devise est : Justice, paix et travail. Il est vrai dans ce pays [la RDC], la justice est à sens unique. La preuve est qu’on n’a jamais arrêté quelqu’un de la mouvance présidentielle quel que soit ce qu’il est en train de dire à la télévision ou ce qu’il pose comme acte. Quand on parle justice ici [en RDC], c’est pour essayer d’éliminer le plus grand nombre de leurs adversaires politiques. La justice de justice, c’est celle de Dieu et du peuple.

Radio Okapi : la tension continue à être forte sur Kinshasa. Vous en tant qu’un homme de paix, pouvez-vous lancer un appel, au calme pour décrisper la situation ?

Joseph Olenghankoy : Je demande à notre peuple de ne pas casser, voler, toucher les biens d’autrui. Je leur demande d’être pacifique, discipliné avec les objectifs de la démocratie quelle que soit la provocation. J’ai un appel au président Kabila parce qu’il n’y a rien qui peut se faire sans qu’il ne soit au courant. Qu’il [le chef de l’Etat] instruise ses services d’arrêter des attaques dans des domiciles des personnes. Nous, nous lançons encore l’appel à notre peuple de ne pas toucher les biens de qui ce soit.


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